La canne de combat est un sport de combat, utilisant comme arme une canne en bois de 95 cm. La canne est utilisée comme arme contondante en frappant avec le coté et non pas avec la pointe, et les coups sont donnés avec des mouvements amples pour permettre d’augmenter l’inertie de l’impact.
Historique
Prémices. L’emploi d’un bâton plus ou moins long comme arme est sans doute présent dans toutes les sociétés humaines depuis la préhistoire. Extrêmement répandu, à la fois outil, arme et symbole, il a aussi servi de base pour des armes plus spécialisées, comme la lance ou la massue.
La canne d’arme découle sans doute d’avantage d’un bâton de marche qui s’est raccourci pour devenir canne de marche, d’abord utilitaire puis signe de classe. Il est difficile de faire remonter clairement la pratique moderne de la canne avant le XIXe siècle, même s’il est certain que la canne était utilisée pour se battre avant cela.
XIXe siècle. La tradition de la canne de combat moderne trouve ses fondements théoriques dans les années 1830. A cette époque la canne est un objet vestimentaire qu’un apprentissage spécifique permet de transformer en arme de défense personnelle. Le développement de la canne de combat comme discipline est très lié à la savate, car ce sont souvent les mêmes enseignants qui enseignent et théorisent les deux disciplines. Les grands noms de l’époque sont Larribeau, Lecour, Trencart, Jacou, Loze, Foucart, Vigneron, Leboucher et Charlemont. Les deux derniers sont considérés comme fondateurs par leurs écrits :
- Théorie pour apprendre à tirer la canne en 25 leçons (1843, Louis Leboucher de Rouen)
- L’art de la boxe française et de la Canne (1899, Joseph Charlemont)
La canne est également enseignée à l’armée, jusqu’à la première guerre mondiale.
1914-1960. La pratique de la canne diminue progressivement pendant presque la moitié du siècle.
1960-1983. La canne connaît un renouveau à partir de 1960. Elle prend une orientation sportive et devient officiellement discipline associée de la boxe française en 1975, bien qu’elle soit fortement liée à cette dernière depuis 1965. La première compétition nationale officielle se déroule le 13 octobre 1979.
Au niveau technique ce renouveau est essentiellement du au travail de Maurice Sarry, qui effectue une synthèse des méthodes d’enseignement :
- La canne, arme de défense, sport de combat (Maurice Sarry, 1978).
1983 à nos jours. En 1983, le Comité National de Canne de Combat et de Bâton (CNCCB) devient une entité propre à l’intérieur de la FFSBF&DA, chargée d’encadrer la canne de combat. Plusieurs comités s’enchaînent, affinant les pratiques et les règlements de compétition.
Description détaillée
On parle ici de la canne de combat moderne (enseignée au moment de la rédaction de cet article). D’éventuelles variations historiques pourront être précisées par la suite.
Principes généraux. Il y a peu de techniques d’attaque en canne (6 en tout), mais elles doivent être exécutées dans des conditions strictes (selon 10 critères de touche). Les techniques de défense se regroupent en parades et en esquives. Les déplacements se font dans toutes les directions (l’aire réglementaire est un cercle de 9 mètres de diamètre) et sont tactiquement très importants. L’association de toutes ces techniques de base dans un mouvement général unique constitue un premier bagage du pratiquant. Ce bagage sera complété par des techniques de feinte, des enchaînements de techniques et des ajustements tactiques. Il sera achevé par une gestion stratégique du combat.
Toutes les techniques doivent pouvoir être exécutées des deux mains, voire avec deux cannes ou avec un bâton (qui est tenu à deux mains et manipulé de façon similaire)
On note qu’au niveau sportif, tous les coups non codifiés sont interdits.
Les attaques. Il y a six techniques d’attaque :
- le latéral extérieur.
- le latéral croisé.
- le brisé.
- le croisé tête.
- l’enlevé.
- le croisé bas.
Les latéraux frappent par le coté dans un plan horizontal, le brisé et le croisé tête frappent par le dessus de la tête dans un plan vertical, le croisé bas et l’enlevé frappent dans un plan vertical en remontant (en général en jambe).
Tous les coups doivent respecter certains critères :
- l’armé : tous les coups doivent passer par une phase d’armé qui permet d’accumuler de l’énergie. Cette phase amène nécessairement la main derrière l’axe vertébral. La principale difficulté de l’armé est qu’il est ralentit le mouvement et qu’il annonce le coup à venir. La solution consiste à y ajouter des feintes et à l’intégrer dans un mouvement plus général (enchaînement, parade/riposte).
- le déploiement : A partir de cette position d’armé, le coup doit se déployer pour donner le plus d’inertie possible à la canne, c’est à dire l’accélérer au maximum. Pour cela, la trajectoire doit bien rester dans un même plan (vertical ou horizontal selon les techniques). De plus ce déployé doit avoir la plus grande amplitude possible, pour que l’extrémité de la canne atteigne la plus grande vitesse possible, et ce dès le début du mouvement.
- la frappe : Pour assurer un impact dévastateur, la zone visée doit être touchée avec l’extrémité de la canne (le quart supérieur), le mouvement doit avoir une amplitude maximale (bras tendu, canne dans le prolongement du bras, épaule de la main tenant la canne formant un angle ouvert avec le buste). La principale difficulté consiste à bien ajuster la distance de frappe. La distance peut être en partie corrigée par une inclinaison du buste.
- codification sportive : pour en faire un sport esthétique et non dangereux, les critères suivants ont été ajoutés. Les zones de frappes ont été limitées à la tête (coté, sommet et visage, pas la nuque), les flancs (flancs et le ventre, entre les tétons et la ceinture, pas le dos) et les jambes (entre le genoux et la cheville). Les attaques en jambe doivent être faites en fente. Les touches doivent être non violentes (donc on doit ralentir légèrement le mouvement au moment de la touche). On doit se défendre avant de contre-attaquer. Les assauts se font avec des protections rembourrées et des cannes plus légères.
Les défenses. Les parades et les esquives servent toutes les deux à empêcher d’être touché.
Les parades consistent à interposer la canne sur la trajectoire d’un coup. Elles sont relativement peu nombreuses en canne (huit parade de base plus des variantes) puisqu’il ne peut pas y avoir de coups obliques (obligation de rester dans un plan). Il y a donc des parades horizontales pour les coups arrivant dans un plan verticale et verticales (d’un coté ou l’autre du corps) pour les attaques horizontales. Elles sont légèrement de biais pour éviter que le coup ne glisse vers la main (une canne n’a pas de garde). Elles sont effectuées près du corps pour ne pas déséquilibrer, pour pouvoir être changée en cas de feinte de l’attaquant, pour retarder l’enchaînement de l’adversaire qui doit aller plus loin dans son mouvement et pour pouvoir être intégrée dans une riposte (passage rapide de la parade à l’armé de la riposte).
Les esquives consistent à soustraire la cible à l’attaque. Elles peuvent être classées en trois catégories en fonction de l’importance du mouvement. Les retraits consistent à éloigner légèrement la cible par un petit mouvement de corps (reculer la tête par exemple ou se baisser légèrement), sans déplacement des appuis. Ce sont les esquives qui demandent le plus de précision, car la touche se joue à quelques centimètres. Les esquives partielles consistent à modifier sa posture en bougeant au plus une jambe. Ce sont des esquives plus sures que les retraits mais plus lentes, et qui sont facilement débordées par un enchaînement. Les esquives totales sont souvent des déplacements qui servent à éviter un coup. Certaines de ces esquives notamment vers l’avant (traversée) ou vers l’arrière (rupture), permettent de rompre le combat si l’adversaire ne s’adapte pas. D’autres comme les mouvements latéraux (tourner autour de son adversaire) ou les sauts permettent de rester à distance de frappe et donc de riposter. Ce qui est particulièrement intéressant avec les esquives, c’est qu’elles laissent la canne disponible pour armer et attaquer. Bien effectuées elles permettent donc de se défendre et d’attaquer (riposter) en même temps.
Les déplacements sont très importants en canne à cause du jeu de la distance (les coups ne sont vraiment efficaces qu’à une distance donnée) et du fait de l’aire circulaire qui permet une construction tactique basée sur l’utilisation de l’espace. En plus des déplacements classiques de marche et sautillements, renforcés par des notions de stabilité (ne pas croiser les appuis, ne pas les aligner etc..), on y trouve la volte et la fente. La fente permet de descendre sur ses appuis en modifiant rapidement la distance à l’adversaire et donne une position idéale pour frapper en jambe. La volte consiste à tourner sur soit, ce qui implique une prise de risque lorsqu’on tourne le dos à son adversaire mais qui est particulièrement efficace pour brouiller les repères de son adversaire et masquer une partie de la préparation de son coup.
Une fois ces techniques de base maîtrisées, il s’agit de les coordonner dans un mouvement plus fluide. Il est alors possible de réaliser des enchaînements destinés à déborder l’adversaire en maintenant un flot continu d’attaques. Parmi l’infinité d’enchaînements possibles, certains se révèlent plus efficaces que d’autres ou plus adapté à une physionomie ou à une situation. La maîtrise d’enchaînements commençant par une esquive ou une parade permet des ripostes plus efficaces. Les notions de fluidité, derythme et de rupture de rythme deviennent alors importantes pour maintenir un flot de techniques soutenues et non prévisibles. C’est aussi à partir de ces techniques de base que vont se développer les feintes permettant de masquer un coup, de mettre l’adversaire sur la défensive ou tout simplement d’accélérer un enchaînement en raccourcissant certaines techniques.
L’enjeu de ces mouvements coordonnés sera de les adapter aux situations et aux adversaires. Aussi bien pour ajuster sa défense que pour rendre son attaque efficace, il sera nécessaire d’apprendre à "lire" le mouvements adverse et à savoir s’y adapter. Cela permet de trouver certaines faiblesses exploitables et de savoir contourner ou réduire certaines forces.
Cette capacité à coordonner les techniques de base en un comportement ajusté à la situation permet d’aller vers une nouvelle vision du combat où la stratégie prend toute sa place. La stratégie permettra non pas dominer son adversaire sur une frappe mais sur l’issue du combat. La stratégie implique là, de savoir trouver les meilleures tactiques face à un adversaire donné, à savoir le tromper dans son appréciation globale, à l’habituer pour le surprendre, à le fatiguer, d’une manière générale à l’inciter à se comporter d’une manière qui nous arrange.
Les grades. Dans le cadre sportif, une série de grade est utilisée pour évaluer les différents niveaux d’apprentissage :
- Pommeau bleu ("Connaissance") : Ce premier grade correspond à l’acquisition des attaques de base et à la posture générale, indépendamment d’un adversaire. Une connaissance minimale du vocabulaire est demandée.
- Pommeau vert ("Coopération") : Il s’agit de savoir effectuer les attaques de bases sur un partenaire et savoir se protéger des attaques. Il faut donc maîtriser les touches, les déplacements, les distances, les esquives, les voltes et les fentes. De plus, une certaine fluidité dans l’échange est attendue. Il faut également être capable d’expliquer les règles de base d’un assaut.
- Pommeau rouge ("Opposition") : Il s’agit de savoir s’en sortir en combat. On ne demande plus seulement de connaître la technique de base, on demande en plus d’être capable de l’utiliser en affrontement. C’est à dire toucher sans être toucher. Les défenses doivent être connues et on doit savoir les utiliser face à un adversaire. Les ripostes doivent être maîtrisées. On doit être capable de montrer des techniques variées dans un assaut. Les règles de compétitions doivent être connues.
- Pommeau blanc ("Affirmation") : Ce grade insiste sur l’adaptation à l’adversaire et la maîtrise technique. Il s’agit d’une part d’améliorer son jeu défensif et offensif par une analyse de l’adversaire et d’autre part d’être capable de construire un enchaînement de démonstration contenant toutes les techniques de base. La maîtrise des règles d’arbitrage est également attendue.
- Pommeau jaune ("Acquisition") : Ce grade insiste sur le fait de perturber son adversaire et sur la capacité à transférer une partie ses connaissances en canne vers la double canne et le bâton. La connaissance des règlements de canne en général est attendue.
On note que le pommeau rouge est nécessaire pour pouvoir commencer la compétition. Dans les faits, la plupart des compétiteurs ont au moins le un niveau pommeau jaune, qui est le minimum pour espérer se classer.
Le pommeau jaune est indispensable, en plus d’une formation théorique et d’un examen, pour devenir Moniteur. Le pommeau rouge suffit, avec une formation théorique, pour devenir Initiateur.
Considérations de jeu de rôle
Actions simples : Quelques exemples d’action simples pourraient selon le niveau du pratiquant être :
– Faire un brisé
– Faire une parade
– Rompre le combat
– Parer / riposter
– Esquiver / riposter
– Enchaîner plusieurs coups.
– Feinter et attaquer.
– Construire un comportement défensif
– Exploiter une faiblesse de l’adversaire pour le toucher
– Déstabiliser l’adversaire pour le toucher
– ...
Degrés de compétence : On considérera que les différents degrés de compétence correspondent aux connaissances suivantes.
– Débutant complet (niveau 30) : Le débutant sur le point de passer confirmé, connaît tous les coup de base, il sait les utiliser à un niveau moyen mais commence à avoir la notion de combat. Sa fluidité est moyenne. Typiquement, il est pommeau rouge.
– Confirmé complet (niveau 60) : Le confirmé sur le point de passer expert, commence à maîtriser la discipline. Il connaît tous les coups et sait mener un combat avec fluidité. Il ne pense plus en terme de technique mais en terme d’enchaînements, de feinte et de rythme. Il sait aussi s’adapter et évaluer un adversaire. Typiquement, il est pommeau jaune.
– Expert complet (niveau 90) : L’expert au sommet de son savoir, domine la discipline. Il a acquis une vision stratégique du combat. Il ne pense plus en coup ou en enchaînements, mais en intentions, en phase de combat, en bottes secrètes, en guerre psychologique, en domination et en manipulation. C’est le niveau des grands champions.
– Maître (niveau supérieur à 91) : Non seulement, le maître domine la discipline comme l’expert complet qu’il est, mais il a conscience de tous ses rouages. Sa vision globale lui permet de discerner les axes forts et les limitations de la canne de combat. Il est alors capable de se repositionner par rapport à la discipline pour essayer de la dépasser. Ce dépassement pourra passer soit par une réinterprétation des principes forts de la discipline qui donnera lieu à une pratique particulière, à des bottes imparables ou une modification en profondeur de la pratique (visionnaire), soit par le dépassement de certaines limites donnant lieu à une nouvelle discipline ou à des techniques novatrices. On peut penser que les auteurs qui ont successivement laissé leur nom dans l’histoire comme rénovateurs de la canne avait atteint ce degré.
Exemple de difficulté : A titre d’exemple, on peut considérer les difficultés suivantes.
– Parer un coup simple : 30
– Passer le pommeau rouge : 50
– Effectuer une parade/riposte efficace sur un coup simple : 60
Techniques spécifiques/Spécialisation :
– construction défensive permanence (F.A.)
– acrobatie (J.D.)
– Intentions démultipliées (B.D.)